x Emrys / circa novembre 2009 /

Elle n’avait encore jamais vu la neige.
Et franchement elle ne regrettait pas.

blanc et cotonneux et froid et     se disperçant en goutte d’eau presque aussi vite qu’elle touche votre peau ne laissant que le mordant du givre comme seul souvenir ? Ça n’avait de joli et romantique que les descriptions dans les livres ou les dessins de carte postale. En personne elle avait pu l’apprécier quelques secondes de par les fenêtres du grand bâtiment     (qu’on lui avait dit de traiter comme son nouveau chez elle          sa nouvelle    maison)     fascinée par sa gracieuse danse des cieux au sol        mais maintenant qu’elle était dehors,      emmitouflé dans une veste trop grande pour elle           une gracieuseté de l’école ou d’un élève, elle n’avait pas trop suivi (il faudrait bientôt qu’elle se déniche des bottes chaudes et imperméables, mais elle l’ignorait encore)       c'était une autre histoire.

On aurait pu se demander ce qu’elle faisait en extérieur si ce climat la faisait frissonner plus encore de dégoût que de froid. À cela pas de réponse vraiment convaincante (elle se le demandait elle-même), si ce n’est une curiosité doublé


d’une   liberté   toute nouvelle    avec un drôle de goût  sur lequel elle ne comptait pas mettre de mots (comme le parfum du sol avant l’orage mais au fond de votre gorge coeur serré calcifié)

Son exploration du domaine n’était pas source de grand succès - elle avait, pour le moment, surtout repéré la ronde paniquée de rats des arbres quand la soudaine neige hâtait leurs préparatif hivernaux      satisfaite de constater que les écureuils étaient toujours  aussi moche quel que soit  le pays l’univers   et maintenant    elle découvrait à quel point marcher dans le froid (le frais) pouvait être plus fatiguant pour qui n’est pas habitué. (son dos lui faisait plus mal qu'elle ne voulait se l'avouer) (mais elle était habituée se rappelait-elle en mantra qui pouvait tout fixer)     C’était peut-être de l’arrogance qui l’avait fait tenir jusque là mais ce ne serait sûrement pas l’arrogance qui la ferait revenir sur ses pas.

La nature comme en deuil - un étrange spectacle qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de suivre à sa source, intriguée par ses arbres plus inclinés qu’ils ne se devaient être, cette étrange tristesse qu’exhalaient des lieux jusque-là totalement anodins.
Mais rien pour autant ne pouvait la préparer à l’étrange spectacle au détour d’un chemin.

Elle avait entendu parler des charmeurs de serpents mais l’équivalent pour les écureuils était nouveau     à ses yeux à ses oreilles. La silhouette qui se dégageait au milieu de ce cercle de rongeur     trop fermée sur elle-même pour qu’on la discerne bien. Incapable dans la distance de ce faire une idée, elle restait semi-convaincu qu’il s’agissait là d’une personne âgée     (qui sait, peut-être échappé de sa maison de retraite    plus égarée encore qu’elle en ces lieux)      jusqu’à ce que ses pas l’amènent assez proche pour contredire cette idée.

- Est-ce que vous avez le droit d’être là ? ou est-ce que je dois appeler la sécurité et leur faire savoir qu’ils font très mal leur travail si le seigneur des écureuils peut s’infiltrer ici       les sourcils froncés dans tout ce qu’un enfant peut imiter de menaçant. C’est à vous les arbres déprimés ? et les écureuils ? et est-ce que vous avez le droit d’altérer la nature ? vous avez un permis ?


j’utilise elle pour Dolo pcq je suis un narrateur omniscient qui a vu le futur mais elle utilise il à 11 ans + pense au masculin + présente masc / par contre j’ai pas l’intention de la deadname ce sera [dolorosa] jusqu’en 2019

x Emrys / circa novembre 2009 /

Les écureuils protestaient mais n’essayaient pas de défendre leur roi de l’invasion, mauvais sujet qu’ils étaient. Elle avait toujours su qu’ils faisait de terrible garde du corps, à peine capable de garder sauves leurs réserves de noisette - et par quelque miracles de la nature de ne pas oublier où elles étaient.
Elle fixa ses yeux noirs (charbon brûlant que n’illuminait pas l’éclat des braises) dans les iris bleus, bien déterminée à ne pas se laisser impressionner par le jeune-vieux      le vieux jeune       le jeune jeune     ou mystérieux personnage       qui qu’il soit.

- Ça se peut. Mais c’est un peu le bordel en ce moment, avec la mimique de quelqu’un qui sait de quoi elle parle alors que non, honnêtement, pas la moindre idée   (on leur avait expliqué le chaos et ce qui s’était passé neuf mois plus tôt en des termes si flou si peu précis        que ç’aurait été aussi efficace de ne rien dire), alors on sait jamais ce qui passe entre les mailles du filet. Et puis    comment je suis supposée savoir, moi.

Vague geste se désignant, blâmant machinalement l’inconnu de placer la responsabilité du savoir sur ses très évidentes enfantines épaules. Est-ce qu’elle donnait l’air de connaître la tête de tous ceux autorisés ou non sur le terrain de l’école ? Est-ce que quelque chose laissait supposer qu’on lui avait donné accès aux visages noms et informations de ceux qui travaillaient étudiaient en ces lieux ? Vous pensez vraiment qu’on me dit ce genre de chose ?

Peut-être assez vieille pour saisir certains problèmes des adultes mais définitivement pas assez pour qu’on daigne de les lui expliquer à son niveau, elle se laissait porter par le courant pour comprendre les choses à son rythme sans forcer.

- Ou vous pourriez vous être infiltré et personne sait que vous êtes là sauf moi et les écureuils et c'est pas eux qui vont vous forcer à partir. Ni moi mais uniquement parce qu'il fait froid et qu'elle ne connait pas vraiment le chemin. Elle essayait d'insister par le regard que l'inconnu réalise à quel point tout ses propos étaient terriblement stupide et c'était une tâche épuisante que de lui donner la responsabilité de le lui faire savoir.

- ..... et non je tremble par pure détermination. Vous avez d’autres questions bêtes ? les yeux plein d’exaspération posés sur l’adulte qui devrait mieux savoir      comme une mère courroucé.      Si c’est pour dire des évidences……  elle imitait très bien le ton de l’agacement maternel. Il fait plus chaud chez moi.     (elle offrit tout de même en guise d’explication)          agacée par cette fausse inquiétude    cet air  de compassion ? qui déforme les traits des adultes quand ils ont en face d’eux      plus petits    plus faibles.

....... mais elle le vouvoie elle est éduquée

x Emry / circa novembre 2009 /

Déstabilisée par le rire elle eut à reconnaître aux écureuils une certaine sagesse dans leur tendance à choisir la fuite face à l’imprévu. Hélas elle était loin de la stature du rongeur et pas vraiment capable de se cacher et disparaître dans un arbre.

Les changements drastiques    si facilement les premiers signes d’un piège (et elle n’était plus à l’âge de tomber dedans.)
(elle ne savait pas si elle préférait l’amertume des premiers éclats       comme mordre dans l’écorce d’une orange     à cette cascade de printemps qui dégèle   donc on ignore ce que les eaux peuvent amener)

- Non, j'imagine que non,   (et le rire n'est plus là et est-ce que c'est mieux ? est-ce que c'est pire ?)

sauvage
domestique

            Alors  la matérialisation d’une couverture l’a pris par surprise    comme la déflagration d’un pistolet.
(pendant un instant elle n’avait sûrement pas pu cacher    le regard de Bambi    et s’en mordrait les doigts si elle le pouvait) (la dernière chose qu’elle    désirait    voulait      cherchait         c’était donner à l’inconnu l’écho de la venaison)
Il ne lui fallait que des fractions de secondes pour regagner sa contenance - c’est l’expérience elle aurait dit avec satisfaction et fierté.

Elle aurait voulu demander c’est de la magie ? mais après avoir ouvertement critiqué les questions bêtes elle ne pouvait pas formuler l’évidence avec un point d’interrogation sans recevoir ce qu’elle avait semé, et ravalant ses mots, regardant l’objet l’homme, l’objet, l’homme encore    avant de prendre la couverture avec ce qu’elle pouvait imiter d’assurance.
Tout dans l’attitude du je le prends parce que je suis généreux doublé de en fait c’est moi qui vous fait un cadeau   que le privilège était dans le fait qu’elle accepte    que le froid était déjà oublié        un souvenir du passé.

- C’est pratique.

Comme seul commentaire, presque appréciateur, presque un compliment - les intonations des commentaire-compliment que vous fait votre père quand il ne sait pas communiquer autrement    auquel on s'accroche comme des étoiles filantes.
Et puis de toute manière elle ne savait pas ce que ça voulait dire hypothermie même si elle se doutait un peu.

- Donc. Vous êtes magicien. une affirmation qui transpirait d’une pointe d’hésitation    (les manggagaway dont sa grand-mère murmurait les crimes à demi-mot pour que jamais ils n’entendent devaient bien exister ici)    (et qu’est-ce que ça impliquait la   magie )      (et est-ce qu’il n’y avait pas myriades de contes où cellui qui fait de la magie croque aussi les enfants en passant)
Mais bon à tout juste onze ans elle n’était plus un enfant.
Mais tout de même.

- Plutôt comme une fée marraine ou une sorcière ? questionna-t-elle sur le ton de la conversation pendant qu’elle s’enrobait au mieux dans la couverture.

(il était tout de même important qu'elle vérifie)

svp je peux pas être mangé j’ai déjà un engagement

x emrys / circa novembre 2009  /

Il lui avait adressé un regard positif, elle en était presque sûre.

Ça voulait dire que quelque part quelque chose qu’elle avait fait était la bonne chose, et que si elle identifiait quoi et reproduisait l’action, l’adulte resterait content - pas un raisonnement dont elle était entièrement consciente, mais un automatisme que son cerveau avait intégré.
Elle n’était pas exactement sûre de ce que sa question pouvait bien avoir qu’il appréciait. Ça parlait de magie ? De conte ? Maintenant qu’elle y repensait c’était un peu embarrassant et vraiment enfantin elle aurait dû formuler les choses pour qu’on la prenne au sérieux, qu’elle ne passe pas pour un bébé.

Ça ne semblait pas le gêner en tout cas : il lui donnait des détails, plus de détails que nécessaire, et peut-être aussi des choses qu’elle n’était pas exactement sûre de comprendre. Ça ne l’empêcha pas d’hocher la tête (ne leur montrez pas votre incompréhension ils peuvent sentir la peur.)

- D’accord, le petit air sérieux pour montrer qu’elle accordait de l’importance et du respect au temps qu’on lui avait consacré.C’est mal, qu’elles gâtent leurs… charges ?    

[rougissante soudain parce que évidemment c’était mal et c’était bien une affaire d’enfant mal élevé et égoïste et ça vous pourrit le coeur comme une pomme que de tout recevoir et c’est bien pour ça que les parents sont là pour vous éviter de devenir des petites teignes et vous donner un cadre et c’est ingrat que de vouloir d’envisager autre chose et]

- Ah euh je sais que c’est mauvais pour le caractère et… beaucoup plus dur de garder un air austère quand on ne trouve plus ses mots. Je pensais juste… même plus exactement sûre de ce qu’elle avait bien pu penser et comment elle comptait le justifier. Je sais pas peut-être si y’a pas trop de voeux ça peut être ? Positif ? c’était beaucoup plus de mots que ce qu’elle comptait dire et si son ton n’était pas paniqué il était tout de même plus trébuchant qu’elle ne le voulait.

Je pense juste que ça à l’air bien


C’est bien elle s’était embarrassée toute seule maintenant sans l’aide de personne.

Elle prétendrait que les quelques rougeurs sur ses joues étaient dues au froid (bien que celui-ci soit délicat.)

she said one dumb thing (according to her.) time to eat some reese's for death by peanuts

x emrys / circa novembre 2009  /

Observant l’adulte avec curiosité, qui lui semblait avoir évité de la regarder? Elle était incertaine, il lui avait semblait qu'un instant son regard avait fuit comme un poisson dans une mare.
(pourtant avant elle avait l'impression de l'avoir attristé ? Qu'est-ce qu'elle avait fait qu'est-ce qu'elle avait dit ? Est-ce que c'était parce que sa question n'était pas appropriée, que c'était là des choses qu'elle aurait déjà du savoir, ou au contraire ne pas être curieuse ?)

Mais il avait pris la peine de répondre sans que rien ne semble révéler qu'il le faisait contre son gré.
Qu'elle était en tord.

(alors parce que c'était rare)

Elle ne pouvait retenir plus de question.

- Comment on… comment un adulte sait qu’il est apte à passer ces jugements ? Que euh. C’est dans les bonnes limites ? elle avait cherché ses mots un peu, comment formuler les choses. Mais elle était réellement curieuse, même si -

Sa véritable question tenait davantage du -

{Comment sait-on si on peut avoir confiance en le jugement d’un adulte ?}
{sur ce qu’il dit d’un enfant si il est gâté mal élevé ?}
{Si il a raison ?­}


Le poids de la couverture sur son corps qui avait marché dans le froid la fit grimacer d’inconfort. Elle pouvait ignorer les protestations de ses jambes tant qu’elle les gardait en mouvement - une technique ancienne qui s’appelait ne pas se donner le temps de réfléchir; mais maintenant qu’elle se tenait immobile depuis quelques minutes tous les signaux qu’elle s’évertuait à mettre en sourdine revenait l’embêter. Elle aurait du savoir que les bonnes choses étaient incapable de durer bien longtemps.
Décidant qu’elle était debout depuis trop longtemps pour le misérable corps que Dieu lui avait donné.

- Il y a de la place pour que je m’assois ? elle demanda d’une voix qu’elle ne voulait pas misérable ni quémandeuse, presque plus comme on demande poliment le temps qu’il doit bien faire dehors.

(évidemment qu’il y avait de la place c’était un banc pas une chaise; mais ça n’était pas vraiment ça qu’elle demandait - c’était beaucoup moins, c’était beaucoup plus)     (est-ce qu’il y a de la place pour moi)

- Je voudrais pas offenser les écureuils en volant la leur.

Qui sait ce qu’ils seraient capable de faire pour se venger.
Ça n’était pas vraiment la fureur des écureuils qui l’inquiétait mais elle ne voulait pas risquer celle d’un adulte. (Est-ce qu’il préférait qu’elle soit directe ou révérencieuse ? fallait-il jouer la politesse des grandes occasions ou l’assurance et le confort ?) Elle essayait de maquiller son propre inconfort avec un semblant d'humour, qu'il sache que ça n'était pas important - qu'il pouvait refuser qu'il pouvait lui dire de se trouver un autre banc qu'elle ne voulait pas envahir (qu'elle pouvait arrêter de poser des questions qu'elle voulait juste pour un petit moment s'assoir)

Machinalement elle évita son regard, baissant les yeux maintenant qu’elle demandait quelque chose de plus concret que des interrogations abstraite. Avoir un corps, exister physiquement était embarassant.

j'ai un retard insane et j'ai pas fini de m'excuser ohmondieu

x emrys / circa novembre 2009  /

Nul mais réaliste: l’adulte reconnaissait ne pas avoir réponse à tout.

Elle était partagée entre l’admiration de ne pas entendre la revendication d’un égo déplacé, d’un tu comprendras quand tu seras plus grand et un prétendu savoir absolu et total auquel on ne peut juste pas vous donner accès, c'est de votre faute. Au moins la reconnaissance des limites ne laissait pas la même frustration que le regard obtus qui se refuse à vous dire quoi que ce soit.

Elle n’était pas sûre d’être apte à évaluer - à sentir au plus profond, comme il disait.
Elle savait de son jugement qu’il était faillible. Elle n’aimait pas assez quand elle aurait dû aimer plus, elle lisait comme mauvais des gens qui ne voulait que le meilleur [c’était dit. On lui avait dit.] Peut-être que c’était quelque chose qui s’apprend, qui devient plus facile avec l’âge. Et elle aimait peut-être trop vite simplement parce qu'on la tenait au chaud, et il fallait faire attention à ne pas suivre l'inconnu juste parce qu'ils vous donne des bonbons, et les adultes sont si rapide à vous rappeler que vous et votre jugement avez tord; et pas assez parce qu'elle était mauvaise et ingrate, et c'était tout.
(ou peut-être que parce que c'était elle, elle ne saurait jamais)

Quelque chose qu’elle n’avait d’ailleurs toujours pas résolu ! Sa première lecture (de loin) lui avait laissé croire que le personnage était plus âgé que ce qu’il semblait être une fois proche - pourtant elle ne pouvait pas se débarrasser de cette impression que son visage ne reflétait pas vraiment ses années.

En attendant, la chorégraphie des écureuils qui s’éparpillent la laissa un instant fascinée. What in the Cinderella. Est-ce qu’ils avaient compris quelque chose ? Est-ce que les écureuils espionnent les conversations ? Elle était dans un monde qui semblait plus enchanté que le sien, est-ce qu’elle avait été impolie en ne les saluant pas tous individuellement ? Y avait-il des règles sociales que personne n’avait trouvé bon de lui expliquer ?

Avec un brin de douceur pour elle-même elle se rassura en se disant qu’il lui aurait sûrement dit si elle faisait preuve d’impolitesse - il ne l’aurait pas laissé insulter des membres importants de l’administration de l’école juste par ignorance, si ?

De toute manière elle avait trop envie de s’asseoir pour y accorder trop de réflexion. Elle et la couverture se glissèrent sur le banc avec empressement et un petit cri étouffé entre la satisfaction et le soulagement. Embarrassant.
Pour se redonner une contenance elle se concentra sur technique et méthode pour arranger la couverture un peu mieux maintenant qu’elle avait changé de position.

Une fois qu'elle eu l'impression d'avoir passé assez de temps pour regagner sa dignité, elle se risqua à retourner son attention vers l'individu.

- Est-ce que je peux vous poser d’autres questions ?

Elle avait peur d’abuser, mais puisqu’elle était là ? Si il avait voulu qu’elle parte ou qu’elle se taise, il lui aurait dit après tout ?

bop

x emrys / circa novembre 2009  /

Hmm.
L’importance de la tâche se dressait devant elle. Poser des questions, bien les choisir, éviter de gaspiller le temps de l’autre, ne pas tomber dans le piège des évidences. Qu’est-ce qu’il aurait tendance à refuser? Est-ce qu’elle devait commencer par les questions les plus simples, ou retrouver les plus complexes qu’elle s’était posée en arrivant à Everwilde et en profiter ?

- Est-ce que les écureuils ici sont magiques aussi ? Ou c’est juste vous ? Ou ils vous comprennent ? Comment ?

Qui sait. Dans les films d’animations qu’elle avait parfois regardés les animaux étaient bien souvent magiques eux aussi. Ou en tout cas ils parlaient. Pas qu’elle ait capté le moindre murmure, mais ils avaient semblé bien trop capables de comprendre le mage pour ce qu’elle comprenait de l’intelligence moyenne des rongeurs.

Chez elle on lui avait appris à s’excuser auprès des esprits juste au cas quand on passait dans des lieux qu’ils avaient tendances à occuper, de s’assurer de ne pas les offenser ou se faire maudire. Trop absorbée par l’étrange personnage et prise au dépourvu par le nouveau paysage, elle n’avait pas pensé que peut-être cela s’appliquait à la situation - et que les esprits n’avaient sûrement pas de frontière.

                 { matière à frontière elle aurait voulu l’interroger sur le puit, sur ce qui permettait à tous le monde de se comprendre (elle pouvait passer de l’anglais au tagalog dans la même phrase sans que personne n’y réagisse, alors qu’elle était sûre et certaine qu’ils n’y comprenaient pas un mot), et d’où venaient les créatures magiques aussi, et comment fonctionnait la magie, et si elle pouvait apprendre, et si tout le monde pouvait apprendre, (et qu’en pensait l’église catholique et si ça allait les déranger qu’elle soit curieuse à ce sujet, mais pour ça il faudrait sûrement qu’elle aille voir quelqu’un d’autre), et comment fonctionnait le destin, si c’était écrit noir sur blanc ou blanc sur noir, et est-ce que c’était la même chose que ce qu’on lui avait dit à l’Église ou si c’était autre chose, mais quand même proche, et -

- Vous êtes professeur ? …… Ou vous travaillez pour l’école ?

Elle essayait d’être sage avec l’autorisation qu’il lui avait donné.

Il avait l’air d’être prêt à répondre aux questions et c’était vraiment bizarre pour un adulte. D’habitude ils se plaignent et vous disent d’aller voir les autres enfants plutôt, de ne pas traîner dans leurs jambes, et qu’ils ont mieux à faire.
Et puis il avait le droit d’être dans ce parc ? Si prêt de l’école alors que tous les adultes qu’elle y voyait semblaient s’agiter et aller-venir dès qu’ils n’étaient plus occupés à encadrer la marmaille d’âge divers.

Elle essayait d’être sage   et elle ne se défaisait pas facilement de la crainte qu’il referme brusquement la porte qui semblait entrouverte. L'enfant qui répondait très directement et questionnait le droit d'être là était parti se cacher maintenant qu'elle aimait bien l'idée d'être ici.

- Oh. Vous avez plus que l’âge dont vous avez l’air, n’est-ce pas ?

Cette dernière question - plus une affirmation - elle la laissa s’échapper dans un murmure embrumé de superstition et d’éducation folklorique et religieuse qui se mélangent. Elle ne pouvait pas exactement lui expliquer qu’il y avait quelque chose chez lui qui lui rappelait les engkanto dont on parlait chez elle - pas qu’elle en ait déjà rencontré, mais c’était le je ne sais quoi qui semblait impossible à décrire, dont il était question quand on les décrivait, qu'on disait qu'on ne pouvait comprendre qu'en voyant. Mais il y avait toujours avec ce genre de chose la contrainte de ne jamais les adresser directement - sous peine de s’attirer leur foudre. Et à l'inverse, peut-être il la trouverait ridicule - et elle se passait tant de la malédiction que de l'humiliation.
Elle ne voulait pas directement adresser la chose si c’était le cas (est-ce que les formules d’excuse adressé aux esprits étaient suffisantes quand on les offensait directement ? Et étaient-ils ici sensible aux mêmes choses, aux mêmes offrandes et demande de pardon ?)

Peut-être qu’il aurait été poli de demander son nom aussi - ou en tout cas une manière appropriée de l'adresser.

elle vient toujours d’une culture où les esprits te maudissent s tu les insultes par accident pardonnez la d’être prudente mdrr

x emrys / circa novembre 2009  /

Hum.
Donc les écureuils n’étaient pas de puissants gardiens du parc qu’elle avait offensé, c’était bon à savoir. Machinalement elle se dit juste qu’elle pourrait quand même leur amener des biscuits pour s’excuser, au cas où il y en avait un parmi eux.

- Toute la nature ??

Tout le vivant ? Juste le sauvage ? Un chien domestique aussi ? Des pigeons ? Les mouettes qui vous volent vos frites si vous faites pas gaffe ? Est-ce que ça incluait les créatures magiques ? Les humains ? Elle n’était pas sûre de le comprendre mieux qu’un autre - est-ce que c’était seulement si il le voulait ? Est-ce que pour les humains ça n’allait que dans un sens, si ça marchait sur eux ?
Les arbres sûrement aussi si elle se rappelait des arbres de plus tôt. Elle leva la tête vers leurs branches, se demandant comment ça se passait de leur parler - et qu’est-ce qu’ils avaient à communiquer. Qu’est-ce qu’un arbre pouvait avoir d’intéressant à dire ??

Sa deuxième question n'eut pas le même effet.

Uh oh.

Elle était peut-être à blâmer de cet élan mélancolique et est-ce que c’était une mauvaise question ? Elle hésita dans le silence, à le briser peut-être, à amener l’attention sur autre chose. Discrètement, elle changea sa position sur le banc, se rapprochant sans le regarder - presque comme si c’était un hasard, un acte involontaire. Elle ne savait pas si il y avait grand chose qu'elle pouvait faire, mais elle n'avait pas envie qu'il soit triste.

Il avait pris sa question suivante peut-être comme un échappatoire une diversion et la grisaille semblait dissipée et elle en était soulagée. Un petit éclat de rire victorieux tant parce qu’elle était heureuse de revoir un peu d’éclat chez le mage que parce qu’elle avait eu raison !

- Je sais pas si c’est si évident que ça, hors de question qu’on dévalorise sa victoire. Vous avez juste l’air… l’air ? Humm. Elle avait beau essayer de l’expliquer avec des gestes ça n’en était pas plus clair. Comme dans les histoires.

Pas que ce soit plus clair. Tout le monde ici avait l’air comme d’une histoire, tout le monde était d’une histoire.

- Je fais mon âge moi, dit-elle en petite protestation hésitante. Presque tout le monde dans ma classe aussi. Juste parce qu’on est… [insignifiant] moins? Moins important peut-être ça veut pas dire qu’on compte pas.

Elle n'était pas forcément vexée juste - ça n'était pas parce qu'elle, elle mourrait jeune que sa vie n'avait pas son importance ! Puis elle revenait, ça comptait pas. (Mais même après, si elle vivait jusqu'à ses cent ans, est-ce que ce ne serait pas dérisoire pour lui ?)

Elle venait de fêter ses onze ans et peut-être elle dépassait un peu la taille moyenne d’un garçon de son âge mais pas de tant ! On ne lui aurait pas donné un millénaire en tout cas. Mais bon, à lui non plus. Et définitivement pas cinq. Ou six. Machinalement elle essaya de compter le nombre de génération qui la séparait elle de lui. Alors si une maman avait un enfant à vingt-cinq ans de manière consistante, on était à -

- À ce point je crois que ça va être dur de le compter sur les doigts…

Tant pour elle que pour lui.
Mais les chiffres s'étaient enfilés avec leur distance vertigineuse. Tant de générations loin très loin d'elle dont elle était sûre que personne de vivant ne connaissait les noms, et lui, il était vieux, bien plus vieux que ça. Beaucoup d'arrière arrière les uns à la suite des autres - et lui était sûrement plus ancien que d'aussi loin qu'on pouvait retracer sa famille.
(elle espérait qu'il avait des amis comme lui de son âge - elle elle pleurait à chaude larme quand un chien mourrait de vieillesse, mais elle n'était pas seule à leur survivre. Alors imaginer à son échelle ? )

Elle retint toute question sur le sujet tant l'idée lui paraissait terrifiante, soudain. Sa petite vie courte lui semblait très bien.

- C’est pas grave, après le troisième millénaire je suis sûre ça sert plus trop de connaître son âge !! elle plaisanta avec une pointe d’inquiétude parce qu’elle n’avait pas envie qu’il s’attriste encore. Vous avez qu’à recommencez à les compter maintenant à votre anniversaire et. Vous avez bien une date d’anniversaire ?

Quel calendrier on utilisait il y a beaucoup beaucoup loin loin très loin de temps dans le passé ?

c’est le 6 en animal handling qui fait qu’elle se rapproche

x emrys / circa novembre 2009  /

Il fallait qu’elle s’explique auprès du sourcil. On ne pouvait pas croire qu’elle disait des choses trop bizarre, oh non.

- Comme dans les histoires comme, le besoin de se justifier un peu embarrassé mais bien moins gêné qu’avant. Ma mamie elle dit que les engkanto ? Ils ont l’air complètement humain mais très beaux mais ils ont ! Ils ont. Hum. Quelque chose.

Geste geste et geste. Elle aurait eu quelques années de plus elle aurait peut-être pu parler d’uncanny valley même si ça n’était pas forcément ça. Une distance dans l’espace, quelque chose de différent ? Elle aurait peut-être aussi du en expliquer davantage; d'autant plus qu'elle aurait été gênée plus tôt qu'on l'entende employer des termes issus du folklore avec lequel elle avait grandit.

Soudainement apprendre que le mage n’avait pas de date de naissance dérailla complètement son attention. Évidemment. Il devait être plus vieux que les calendriers. Et elle qui lui demande sa date de naissance !!!

- OH ! Il faut vous en choisir une alors !!!

C’était important parce que les anniversaires c’était quand même bien. Probablement. Si il y avait bien une chose que les médias adressés aux enfants lui avait enseigné et auquel sa détermination enfantine s'accrochait encore, c'est que c'était supposé être le meilleur moment de l'année avec Noël. Les siens n’étaient pas toujours extraordinaires mais la promesse que si elle était assez sage assez bien élevée assez comme il faut alors peut-être il y en aurait un était assez pour la faire tenir en place autant que possible. [Elle évitait comme elle le pouvait de penser aux fois où sa mère avait décidé de jeter ses cadeaux parce qu'elle était trop insupportable.]
Et puis au pire elle pouvait toujours imaginer de quoi elle aurait voulu que ça ait l’air en se faisant un collage mental inspiré des films pour enfants où c’était toujours si extraordinaire, la meilleure et la plus importante des journées pour se placer dans le rôle principal.

Elle préférait presque les passer à l’hôpital parce que au moins personne ne les traitait comme contractuel - mais elle ne l’aurait jamais avoué, surtout pas à sa mère.

- Vous avez qu’a prendre le 29 février !! Comme ça vous comptez seulement tout les quatre ans !!! Comme ça dans cent ans vous aurez seulement pris… bip boup bip boup math, Vingt-cinq ans ?

Wow cent ans c’était loin. [vingt-cinq aussi. Est-ce qu'elle serait toujours là à vingt-cinq ans ?]

- Enfin vous vieillirez pas réellement moins vite mais, elle fronça les sourcils devant l’inconvénient majeur de ce plan. Puis c’est pas une raison de célébrer quand même les autres années !! C’est pas drôle sinon.

Et peut-être qu'il trouverait ça très intrusif aussi s'éveilla en soupçon inquiet la petite voix dans sa tête qui gérait les interactions avec des adultes.

Février mars c'était bien, en pleine saison sèche sous un soleil qui se prend pour le ventre chaleureux d'un four, déterminé à vous rendre doré et croustillant, sa période de l'année préférée — jusqu'à ce qu'elle se rappelle que, non, ça n'était probablement pas le profil météo ici.

- Ah. Mais c'est peut-être. C'est à vous de voir. Février c'est peut-être nul ici. Et puis c'est à vous de choisir.

assigned birthday by child

x emrys / circa novembre 2009  /

Est-ce que les phoques se sentaient mal si un petit poisson leur disait il y a quelque chose de différent chez vous ? La comparaison était sûrement inapproprié — surtout que la réponse du phoque devait être celle de croquer l'imprudent. Peut-être se berçait-t-elle d'illusion quand elle se disait que les grands ne devaient plus rien en avoir à faire d'être appelé différents — ils n'avaient sûrement plus de dessin animés pour leur rappeler que c'était normal et que tout le monde est un peu différents et que l'important c'est d'être amis (et qu'ensemble on peut se venger du méchant qui a dit que vous étiez bizarre.) Peut-être que c'était un de ces bobos qui font toujours mal plus tard comme une blessure qui a mal guérie, une de ces traces invisibles que le médecin dément et dit que c'est dans votre tête (et alors !? et alors si c'est dans ma tête c'est que c'est quelque part!!! et je ne veux plus avoir mal et vous devriez pouvoir faire quelque chose!!!)

- C'est pas grave, essaya-t-elle de dire doucement. Il avait eu l'air de réfléchir, elle voulait être sûre de ne pas l'avoir blessé. C'est peut-être juste parce qu'on vient d'univers différent que je remarque. Comme des poissons d'eau douce qui rencontrent des poissons d'eau salé.

C'était sûrement mieux que de ramener les phoques un peu prédateurs. Puis qu'est-ce qu'elle remarquait après tout, peut-être qu'elle disait des bêtises. Que tout le monde était pareil dans son univers.

Elle n'osa pas demander toutefois si ils vivaient tous aussi longtemps chez lui — des fois que la réponse soit négative, envisagea-t-elle avec un frisson inquiet.

Elle le regarda surprise quand il lui demanda l'année.
Ses yeux noirs moins froid et dur — pour la première fois peut-être avec plus d'inquiétude pour lui que pour elle. Pourquoi elle l'avait pris comme un danger potentiel déjà ? Parce qu'il avait l'air d'être grand (et magique et puissant) et que c'était suffisant ? Il y avait quelque chose qui la surprenait dans cette question. Il était vieux, assez pour que le temps soit dérisoire oui. Mais ne pas savoir en quelle année on était ? Elles ne changeait pas bien vite non ? Après c'est vrai, on ne mentionnait pas les années bien souvent dans la vie de tout les jours, et quand on prenait rendez-vous on ne mentionnait même pas qu'elle années, juste le jour, le mois l'heure. Peut-être qu'en dehors de l'école, personne ne s'appliquait à écrire le jour de la semaine le nombre le mois l'année — et qu'alors on perdait le fil.
(ou c'était peut-être un symptôme d'on ne saurait dire quoi, quand le temps vous échappe comme de l'eau entre les doigts)

- On est en 2009, répondit-elle, avant de préciser juste au cas. Après Jésus Christ. Au calendrier grégorien. Ou en… brr brrrr quelle année déjà… elle l'utilisait moins souvent ... 4707 sur le calendrier chinois.

Comme ça sa mamie serait contente.
Peut-être qu'il en préférait un autre avec son âge – mais dans ce cas elle ne les connaissait pas. Pas sûr que le chinois lui soit bien utile, mais c'était celui qui remontait le plus loin qu'elle connaisse.

- Vous voulez un bonbon au miel ? offrit-elle avec un peu d’hésitation (parce que les adultes n'aimaient pas les bonbons.)

Elle voulait fixer les choses — sans trop savoir ce que c'était qu'elle voulait fixer. Les bonbons ne faisaient pas de miracle, mais c'était toujours ça. Un peu de sucre pour rendre les choses plus douce.

in soviet russia kids give candy to weird adults

x emrys / circa novembre 2009  /

{ poisson } — l'écho des mots que murmuraient les voix dissonantes étaient un bourdonnement qu'elle ignorait autant que faire se peut mais certaines paroles se prenaient en ricochet au fil de sa conscience – des éclats qu'alors elle avait de la difficulté à ignorer.

C'était pas une comparaison d'abord – et c'était pas sur sa personne c'était une tentative de plus d'illustrer (de clarifier) les choses telles qu'elle les percevait. Elle ouvrit la bouche pour protester – la referma machinalement quand la conscience que rien de cela n'avait été dit à voix haute l'effleura. Pour quelqu'un d'aussi vieux il prenait beaucoup de choses très personnellement aurait-elle eut envie de dire, comme si ça rachetait de quelques manière sa peur d'être impolie ou maladroite. Au contraire ses protestations n'auraient sûrement qu'empirée les choses. On ne gagne jamais contre un adulte qui associe un sens à vos mots, quelles qu'aient été vos intentions, avait-elle déjà intégré.

Silencieusement elle lui donna un bonbon, en prit un elle-même – ils lui faisaient office de gâteau d'anniversaire, à défaut d'en avoir eu un vrai. Puis c'était pratique ! Ils se partageaient mieux et se conservaient plus longtemps. Petit hochement de tête à son remerciement.

Elle était encore à un âge où 25 ans lui semblait vieux et le voilà qui sortait avec un naturel déconcertant des nombres d'une taille vertigineuse. De quoi vous faire vous sentir minuscule, un tout petit insecte qui disparaîtrait aussi vite qu'il était apparu dans les flots du temps. Là un jour et disparu le lendemain.
C'était quoi l'âge idéal, selon lui ? Un petit 400 ans d'existence s'enfilait mieux que les siècles qu'il avait accumulé – mais est-ce qu'il était tellement mieux d'être jeune ? Est-ce que le premier siècle était maladroit ou rempli d'espoir et de découverte, est-ce que le premier millénaire était sage ou désabusé — et que dire d'eux quand ils s'enchaînaient.

- J'aimerais bien être un peu plus vieux, commenta-t-elle presque réveusement. Pas de plusieurs siècles. Quelques années juste, ce serait bien. Enfin ça se fera tout seul — si je ne meurs pas avant, elle retint pour elle-même.

Peut-être que ça ne se faisait pas de dire qu'on avait envie de grandir quand l'autre s'exprimait sur les limbes nébuleuses de son âge inconnu et son désir d'avoir accumulé moins d'année.

- Quels livres ?

Curieuse, et tout particulièrement de savoir si elle les connaissaient un peu – le monde, elle découvrait, était rempli d'histoire dont elle n'avait jamais entendu parler avant.

Quelles histoires avaient besoin de leur personnages qu'ils soient si vieux, qu'on prenne la peine de l'écrire dans le texte — quels auteurs étaient aussi cruels ?

x emrys / circa novembre 2009  /

Elle avait l'impression qu'il ne la prenait pas au sérieux quand elle parlait des années de plus qu'elle aurait bien aimé avoir – mais elle n'essayait jamais de percevoir autrement que par accident la narration, alors impossible de savoir si elle avait raison de quelques manières. Pas qu'elle comprenne pleinement ce qu'était la narration, ce qui n'aidait pas.

Après s'être permise un jugement sur le fait de prendre les choses personnelles elle ne pouvait pas se donner le luxe de faire la même chose, encore moins avec ses mots qui n'avaient pas été prononcés.

Mais c'était sans trop de surprise — les grands disaient tout le temps que c'était des paroles en l'air, qu'une fois plus vieux on regretterait ce qu'on avait petit, l'innocence la joie et le manque de responsabilités et tout plein de choses sur lesquels ils avaient l'air de s'extasier sans qu'elle ne comprenne, et que les mômes comme elle ne savait pas ce qu'ils disaient.

Pourtant promis elle savait ce qu'elle disait —
Si je suis assez grand je pourrais vivre sans l'aide de personne et je ne serais jamais malade et je serais autonome et responsable et heureux et mes parents m'aimeront.

[et quand je serais grand ma mère sera]

- Oh !!

Le Morte ça ne lui disait rien mais Arthur !! Et sa table. De nom elle connaissait – un peu. Elle ne savait pas en quoi consistait ses aventures, mais c'était des personnages qui réapparaissaient dans les médias comme si ils avaient toujours été là – si il y avait des preux chevaliers dans un film alors très souvent on parlait de…

- C'est avec l'épée dans la pierre et le vrai roi qui peut la retirer !? Et c'est un petit garçon et personne sait que c'est lui!!

C'était cool les histoires de chevaliers. Son enthousiasme la rattrapa trop vite pour qu'elle contemple les implications cruelles de ce choix d'écriture qui l'affectait – peut-être aussi pour éviter de réfléchir aux choix qu'avait fait son propre auteur, l'histoire qu'il avait choisi de tisser.

Elle était contente quand elle n'était pas trop perdue – peut-être un peu fière de montrer qu'elle savait des choses, elle aussi. Bon, reconnaître d'où elle les savait ne sonnait pas très sérieux. Pas sûr que les aventures de la cabane magique soit de la grande littérature pour un vieux magicien, surtout qu'on les lui avait mis en main sitôt qu'elle avait été capable de lire.
Est-ce qu'elle devait dire qu'elle les avait surtout vu dans des séries de livres en anglais qu'on lui faisait lire pour qu'elle intègre un usage de la langue qui ne serait pas celle vibrante et mélangé qu'on parlait à la maison – pour se conformer aux standards du géant américain dont l'ombre planait encore sur son pays.

- Si vous faîtes de la magie… il fallait qu'elle repasse en mémoire les personnages colorés de son imaginaire enfantin. Elle ne se souvenait pas qu'il soit question d'être vieux, plus vieux que le monde – mais très souvent on suivait plutôt le roi enfant ou encore un de ses chevaliers. ... il y a Merlin qui sait plein de chose… il y a Morgana le Fay… la dame dans le lac aussi…

Pour sa défense — ce dernier prénom n'avait pour elle aucune connotation négative. À Everwilde, on ne leur avait rien dit. Et dans ses livres, la Fay guidait les enfants dans leurs aventures, et leur faisait vivre d'extraordinaire expériences qu'elle pouvait rêver faire sienne les yeux fermés. Elle avait peut-être remarqué que dans d'autres œuvres on lui attribuait un rôle plus sombre – mais à son âge elle n'avait rien lu qui lui explique le comment, le pourquoi.

cant believe this 11 yo doest have arthuriana hot take smh smh