-Tu soupires,
Alastair veut te voir. Pour un énième repas auprès d’Emrys et du reste de la famille.
Ce n’est pas que ça t’ennuie d’y aller. Après tout, tu les apprécies bien plus que tu n’accepterais de l’admettre. Mais devoir traverser les ravins obscurants à chaque fois que tu voulais te rendre les voir et quitter la protection qu’apportait la place des sorcières t’ennuyait un peu.
Les sentinelles aiment un peu trop faire des tours là-bas, et ça n’est pas du tout bon pour les récits évadés qui se baladent par là. Bien sûr, la plupart du temps c’est assez calme, et tu sais qu’au moindre problème tu peux te transformer en animal pour essayer de passer inaperçu, mais ce n’était pas assuré à tous les coups.
Alors que tu marchais à travers les arbres à moitiés morts, et les habitations en ruines qui te filaient la chair de poules, tu essayais de te concentrer pour ne pas te laisser distraire par quoique ce soit, voulant arriver à destination le plus vite possible.
C’est alors que tu entendis un bâillement.
Un bâillement ?
D’habitude c’étaient plutôt des cris qu’on entendait par là.
Alors ta curiosité eut le meilleur de toi, et avançant vers le bruit, tu étais discret au plus que tu pouvais, observant alors l’homme qui était assis sur une ruine de bâtiment. Tu déglutis, plissant les yeux en essayant de mieux voir, il te tournait le dos. Si tu faisais bien attention tu ne risquerais rien.
Tu devrais surement faire un grand détour pour ne pas te faire remarquer, mais en tout cas, sentinelle où récit évadé tu n’avais pas vraiment envie de le découvrir, commençant à reculer pour faire ton détour, tu te figeas en entendant un CRACK sous tes pieds.
Oh no.
Alors commençant à paniquer à l’idée que l’homme que tu avais vu ne se retourne vers toi, tu reculas plus rapidement ton cœur battant la chamade, voulant fuir a toute vitesse, mais tu te pris les pieds dans des racines et tomba alors le cul par terre, la tête cognant le tronc de l’arbre qui t’avait malicieusement fait un croche pieds
.
Tu pesta alors et te frotta la tête, jetant un coup d’œil à l’emplacement du bailleur, pour savoir si après le CRACK il avait entendu le BADABOOM.
Éloignant la cigarette de sa bouche, le spectre laissa s'élever une brume de fumée toxique de ses lèvres en un soupir. Ainsi adossé sur le cadavre de ce qui avait sûrement été la maison de quelqu'un auparavant, il observait ses alentours d'un oeil à moitié endormi. Sa présence ici était supposément une punition de la part du Loup pour son impertinence récente : Vraiment, la seule raison qu'il avait été envoyé dans le ravin, c'était car Raul en avait marre de le voir dormir dans le QG. Alors il l'avait envoyé dormir dans le ravin, comme ça il pouvait faire semblant de travailler sans être dans les jambes des autres louveteaux.
Il envoya valser le cadavre de sa cigarette grâce à une pichenette, très peu concerné par le risque d'incendie. Que rajouterait un petit feu dans les décombres du ravin, vraiment, où tout était déjà mort ou mourant? Oh. Oh non, il se trompait, c'est vrai. Il y avait les petits rats, les vermines se faufilant à travers les maillons du filet et les griffes du Grand Méchant Loup. Comme des vilains morceaux de viande s'étant accrochés aux crocs de la bête, harcelant constamment le prédateur. Vulgaires petits rats cherchant à fuir le bateau s'éventrant dans la mer, petites griffes s'agrippant sur les planches moisie et jetant leurs confrères à la Mer pour sauver leur peau.
Ramenant ses bras en une croisade sur son torse, Dutch bailla à gorge déployée, déjà à moitié endormi. Surveiller le terrain de chasse du Loup n'était pas aussi intéressant qu'il le paraissait, surtout quand la viande de souris n'intéressait pas l'Homme. Mais quand le Lupin ordonne, on s'exécute, qu'on le veuille ou non, et Dutch ne connaissait que trop bien les limites de la patience de son cher collègue.