D’habitude, les rencontres louches se faisaient dans d’autres circonstances.
Est-ce que tu t’es encore retrouvé entraîner dans une sale histoire à cause des conséquences de tes propres actions ?
Un jour peut-être, ça t’apprendra.

Te faire choper ne t’étais encore jamais arrivé pour de vrai, juste des surprises et des fuites un peu plus précipités que prévu – mais c’est juste un petit changement de plans, rien de bien grave, et on s’adapte en fonction de ce qui se passe. Mais là. Elle n’était pas flic – pas vraiment, pour autant que tu te sois arrêté à comprendre. Mais elle n’était pas un civil non-plus, un lambda sans pouvoir qui n’aurait jamais pu faire pleuvoir des flammes – non. Tu sais ce qu’est une sentinelle. Presque. En tout cas tu sais qu’elles ont du pouvoir, qu’elles sont un peu au-dessus des lois, et on t’a répété de t’en tenir aussi loin que possible. Eh bien. Aujourd’hui, tu te rapproches.

Madame te fait du chantage.
Est-ce que tu pourrais envisager de ne pas céder ? Sûrement. Un petit vol… et qui n’a jamais volé avant d’abords. Ou commit de petit larcin léger !! Que celui-là te jette la première pierre. Il y en a plein, des contes voleurs de natures – alors te punir toi, parce que tu t’y essayes avec plus de créativité, plus de liberté ! Mais c’est que tu préfères éviter de faire des remous, donner des prétextes pour qu’on cherche a en savoir plus sur ta personne – qui sait ce qu’on pourrait trouver ? Ou pire, si on ne trouve rien. Le gouffre suspect d’une personne qui n’existe que depuis quelques mois, de quoi attiser des curiosités que tu préfères endormi.

Au pire, tu demanderas de l’aide – et par là tu entends surtout tu en feras le problème de quelqu’un d’autre. Aubain devrait adorer entendre dans quelle situation tu t’es mis.
C’est parce que tu te dis que tu devrais pouvoir t’en sortir si les choses empirent que tu choisis de les explorer quand même – de voir ce dont elles ont l’air plus en détail, peut-être avec une curiosité déplacée. T’as suivi les conseils, tu t’es tenu loin des Sentinelles, mais de quoi ont-elles l’air de plus prêt ? Pourquoi elle te fait venir loin, si loin, dans un espace où elle n’a plus le même pouvoir et autorité; et pourquoi te laisser la liberté quand ce serait si facile pour quelqu’un comme elle de refermer sa main sur toi comme une cage – ou du moins d’essayer.
La curiosité tue peut-être des chats, mais ça n’est pas toi.

Dans ce monde où la magie est un secret indévoilable – ou vos existences sont des étoiles dans les yeux des enfants et de la poudre vite dissipée; plus que nulle part ailleurs te sautes aux yeux que ta nature est tout autre. Si à l’œil humain ta figure est indiscernable, tu t’appliques {tant que des yeux peuvent tomber sur toi} à ne pas glisser dans la vallée de l’étrange – ne pas oublier de respirer, marcher moins légèrement, moins adroitement – comme si ton corps pesait plus lourd.
Enfin au vu de l’heure tu n’as pas trop à t’en soucier. Il est deux heures du matin et des poussières, Londres est encore plus renfrognée que d’habitude, et les gens que tu as croisé sont sûrement ivres – ou n’ont pas de sens de l’équilibre.

– et la femme est là.
Lumière clignotante d’un parking, tu l’aurais presque manquée si elle ne s’était pas redressée. T’hésites, parce qu’elle n’a pas l’air de t’avoir vu, entre la distance et ce sur quoi elle se concentre. T’attirerait bien son attention, juste par politesse – déjà que tu as le pas léger pour commencer, mais tu sais qu'apparaître silencieusement tel un fantôme au côté des gens en pleine nuit, ça n'est pas très apprécié. C’est pas comme si tu pouvais la héler; et si elle est concentrée, est-ce qu’elle va remarquer que tu lui fais signes ?

Juste pour faire connaître ta présence avant d'être trop proche, tu siffles – plus proche du gazouillement du petit oiseau; car on ne peut au moins pas te retirer ça. Ce sera ton bonjour, ton bonsoir – et ton téléphone à portée de main pour en dire plus, plus articulé.

(on t'as appris que siffler la nuit attirait les criminels - la bonne nouvelle, c'est que c'est ce que tu cherches a faire.)

D'accord. C’est un cas    – entre le rat dans ses mains {puis libéré} et son air immédiatement maussade, comme si c’est toi qui l’avais forcé à venir. Et le Tu es venu – on a la place de dire des évidences mais pas celle pour un simple bonsoir. Chacun son choix il faut croire. Pas que personnellement tu essayes de revoir tes victimes quand tu en fais, mais tout de même – si c’était le cas et que tu avais, pour quelques raisons, besoin d’elle, tu ferais peut-être un minimum d’effort. {à voir.}

Mais qui sait peut-être que sur le coup, ça t’arrange – si souvent tu joues le jeu du joli sourire policé et de l’innocente séduction, pour une poignée de regard sympathique et rester invisible. Les simagrées passent à la trappe sans qu’il n’y ait de risque de conséquence ! Pas de tierce partie pour se tenir en témoin, pour voir – et se voir décevoir; et personne d’importance dans cette ville qui n’est pas la vôtre. Le jeu de l’aimable séduction avec quelqu’un qui vous tient par le chantage a des relents nauséabonds.
T’aurais préféré que j’apparaisse sans rien dire, se moque le regard que tu lui adresse devant la tête qu’elle tire.

La bestiole gigote et disparaît – et tu vas pas poser de question sur ce rat, d’où il vient et si elle l’a ramené dans ses poches ou elle l’a trouvé par terre – ça te concerne pas, et c’est pas comme si elle invitait à la conversation. Vraiment, rien ne va. Malgré tout ta curiosité est partiellement remplacée par une fascination peut-être un peu morbide pour ce personnage dont tu ne sais vraiment pas grand-chose. Observe et prend des notes – il y a peut-être quelque chose a apprendre.

Le plan annoncé te laisse un instant surpris – ah. Ah bien sûr. Une sentinelle qui fait affaire avec un criminel pour venir aider des rats à s’évader dans le monde réel. Une logique impeccable. Pourquoi tu t’étais pas attendu à ça aussi. Éthiquement prêt à faire régner l’ordre par la terreur mais prêt à enfreindre tu ne sais quelles lois pour éviter un horrible sort à des petits rats. Pas que tu ais rien contre les bestioles – tu ne sais pas assez d’eux pour avoir un opinion, et tu ne cherches honnêtement pas à en savoir plus. L'horreur du monde des expérimentations t'échappe, tu es loin, bien trop loin d'avoir une idée de ce qu'il en est, ni concerné par la question de l'humain ni celle de la science. {trop différent pour l'une et bête pour l'autre}
Si tu avais pris la peine d'en savoir plus sur les sentinelles l'énormité de la chose te laisserait sûrement hilare et choqué – l'idée que l'on puisse d'une main en avoir si peu a faire de créer des souffrances telles {des corps brûlant, déchirés, la terreur qui dévore les yeux de ceux qui les ont rencontrés} et de l'autre se prendre d'empathie pour des petites bêtes. Mais entre ignorance innocente et ignorance choisie, égoïsme de survie et égoïsme déplacé; ce sont des choses qui t'échappent encore.

Tu hoches légerement la tête, acquiesçant au plan sans avoir ton mot a dire. Pas besoin de se perdre en parole inutiles, surtout ici, surtout maintenant {surtout en telle compagnie.}
La suite t'arrache un sourire amusée à l'image d'une armée de rats sauvages prenant d'assaut les câbles – et tu n'en sais pas plus sur ce qu'elle est mais si elle peut les fédérer sous un même drapeau, il y a peut-être là une explication au reste. Reine des rats prenant a coeur sa couronne et libérant ses sujets – qu'aucun rats d'aucun univers ne connaisse les chaînes sous son règne.

Tu roulerais des yeux devant la question – certes, elle t’a surprise à cambrioler, ce qui, on se l’accorde, n’est pas la démonstration idéale de tes aptitudes. Dans un hochement de tête affirmatif tu pianotes quand même sur ton téléphone « Quel type de serrure ? + portes ? » et une mimique interrogatrice. Toutes ne se valent pas à Everwilde comme dans le monde réel – et est-ce qu’elle a seulement l’intel et les recherches préliminaires ? Ici au moins il n’y a pas a prendre en compte sortilèges et malédictions que certains magiciens placent sur leurs portes – mais il y a d’autre complexités. Pas celles du système de sécurité, au moins, si on peut faire confiance aux dents de professionnel de son armées de rat.
Mais bon. Les verrous et portes barrées, c’est plus pour dissuader que pour réellement protéger, après tout.

Tu prends quelques pas de recul pour observer plus en détail le bâtiment qui vous sert de cible. Sa taille sa structure, et autant de choses qu’il est possible d’en devenir sans directement regarder un plan {est-ce qu’elle en a amené un ? est-ce qu’il s’agit d’un autre dossier sur lesquels il faut faire confiance aux rongeurs ?}, les issues de secours qu’on devine – tout ce qui peut toujours servir.

Il est sûrement encore un peu tôt dans votre non-relation pour lui demander ce qu’il en est de toi et de ce que tu peux espérer en tirer – en dehors de ces portes qu’elle compte te voir crocheter et des autres usages qu’elle peut t’attribuer; a-t-elle l’intention de continuer à utiliser contre toi les informations qu’elle a déjà ? Mais elle t’implique dans un de ses crimes a elle – et est-ce que ça n’est pas là te donner du matériel pour la prendre en bras de fer ?