L’univers est en expansion, comme l’est ton affection pour cet ignoble blondinet qui te sert de roi. Il a d’autres talents que de faire semblant d’être à sa place dans cette « réunion » officieuse. Tu as soufflé sur tes mèches sombres et tenté d’en décrocher ton regard, mais comme d’habitude, t’en es juste incapable. Tu as l’air d’un creep, un creep complètement dévoué à stalker celui qui fait sauter un bond à ton cœur lorsqu’il lève ses grands yeux sur toi.

Brebis égarée, c’est facile de voir qu’Alastair, le roi de Camelot, volontaire signataire du livre, regrette certains choix, mais pas celui d’avoir signé. C’est de te voir ici, il est incapable de cacher sa déception, il regrette d’avoir découvert cette facette de toi, alors, c’est malgré toi que tu l’as approché avec des pintes de bières, l’alcool que tu as déjà ingéré facilitant l’approche que tu entreprends de ton cadet.

« Pas trop déçu? »

Ta voix ne tremble pas et ça te rassure, tu aurais tant aimé lui plaire, avoir la chance, ne serait-ce qu’une seconde de l’aimer. Mais c’est à ton tour de soupirer ton désespoir en t’étalant sur le bois de la table, incapable de te retenir.

« Je suis amoureux de quelqu’un… et je n’arrive juste  pas à passer à autre choses. En même temps, je ne pourrai jamais aimer quelqu’un d’autre comme ça… Tu connais mon secret et le pourquoi je suis ici. »

C’est très bref comme explication, tu ne peux pas le regarder parce que ça va déborder, dépasser les bornes et tu vas l’embrasser, ce beau con. Tu te tournes à demi, saluant un de tes amants de la main, vous partagez quelques signes distincts et incompréhensibles pour le commun des « j’ai jamais baisé avec Abbott ». La conclusion, c’est que vous vous retrouverez dans une heure ou deux.

« Qui t’a traîné ici, Al? Tu sais que ce n’est pas ta place. »

Que tu lui murmures en douceur.

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Tu bois trop et c’est une danse.

Une danse qui prend place dans ton imaginaire où tu fais tournoyer le blond tu l’enlaces par derrière pour le serrer avec cet amour qui te dévaste un peu plus à chaque jour. Tu te nourris de ses sourires, de sa gestuelle, de ce semblant de naïveté qui le rend si doux à aimer. Aimer avec un grand « A », comme la première lettre du prénom Alastair. Tu n’as plus aucun égo face à ton cadet, plus aucune fierté, l’alcool aide. L’alcool aide à ne pas te briser devant sa déception par rapport à sa découverte de toi auprès de l’alliance des récits évadés. T’as juste envie de le rassurer, de le faire tien et c’est que qui va te faire t’amputer les mains pour être certain de ne jamais signer.

T’étouffes, Abbott, t’étouffes sous son parfum, sa présence, son inconfort, tout ce qu’il est. Tu le revois dans les bras de ce pur inconnu, t’as pas cherché à savoir qui l’homme était, parce que tu l’aurais tué pour avoir sa place, cette place où t’aurais eu le droit de faire de cet homme ton roi, dans tous les sens du terme.

Tu es extrait de ton mal interne par sa majesté qui se lève brusquement, tes yeux sombres s’accrochent à ce blondinet. T’es dingue et tu gardes malgré tout un contrôle incroyable malgré la quantité d’alcool que tu as ingéré. Tu ne veux que personne ne remarque le malaise de ton monarque confronté par nul autre que toi. Tu te lèves aussi brusquement que lui pour lui offrir une accolade affectueuse, sentir son corps raidi te fait ressentir cette détresse qui te définit si bien depuis que tu sais que t’es amoureux de lui. Tu lui tapes dans le dos en faisant sortant la typique ligne :

« Merci de me ramener! J’ai vraiment trop bu! »

Et c’est vrai, tu vacilles dangereusement, même si tout dans ta démarche a quelque chose d’involontairement groggy et sexy. Tu passes ton bras sur les épaules de celui qui te fait perdre la tête, incapable de ne pas effleurer la perfection de ses cheveux, d’effleurer la peau de sa nuque… te gorger de son parfum. T’as besoin d’arrêter de faire semblant cinq seconde, juste cinq secondes pour respirer, juste être toi et arrêter de retenir ce trop plein d’émotions. Alors t’en profites, sur le chemin de la sortie, tirant Alastair sous les regards approbateurs, et les quelques rires.

T’enfiles difficilement ta veste et ton foulard. C’est même pas un acte, t’es bourré solide et c’est un calvaire de tenir debout, mais aussi de lâcher simplement Alastair du regard. Tu rigoles à certaines blagues : L’atmosphère est vraiment légère.

L’air frais à l’extérieur mord ta peau et vous êtes seuls à la sortie. Il y a un chat dans une poubelle, et les mots débordent. C’en est trop.

« Je t’aime Al... Je ne peux juste pas m’imaginer te faire du mal. Tu ne peux pas comprendre à quel... point ch… c’est de la torture... de… »

Un coup de vent secoue sa chevelure blonde, tu retires ton foulard et tu le passes autour de ses épaules, libérant son visage d’une mèche.

« T’es… t’es trop impor-tant, ch’peux pas… Je t’aime. »

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Tout allait bien.

Vraiment bien.

T'en revenais sincèrement pas.

- Moi aussi je t’aime beaucoup. Ça serait sympa si on pouvait réellement devenir ami au lieu de simple connaissances, hein ? J’adorerais qu’on soit amis !

Jusqu'à ce que le mot "ami" franchisse les lèvres de ce blond que tu aurais embrassé mille fois sans t'en lasser. Digne drogué, accro à sa douceur, sa présence, tout ce qu'il représente. Le pire dans tout ça? T'es bourré et ton cerveau réussit malgré tout à créer un fond d'espoir:  C'est que malgré le rejet, tu ne sais faire que t'accrocher au rêve stupide qu'en apprenant à te connaître, qu'en étant ton ami, lui aussi pourra t'aimer ne serait-ce que pour un millième de ce que tu ressens pour lui. Cette douceur qui imprègne la moindre de ses paroles, sa gestuelle, son corps entier qui en est empreint, ça te rend dingue.

Ton roi.

Ton roi à toi.

Tu as honte de ton obsession. Mais si tu pouvais faire une croix dans le temps de le dire sur tes sentiments, tu l'aurais déjà fait, tu aurais déjà mis de côté ton mal pour vivre ton deuil. Il te veut comme ami, ce n'est pas si mal au final, ça ne comblera pas ce besoin viscéral de plonger ton visage contre sa gorge et inspirer son parfum histoire d'en graver tes souvenirs. La nuit fait du bien, t'es rassuré parce qu'elle cache une première larme qui coule sur ta joue. Tu restes silencieux un instant, qu'un temps, juste assez pour que ta voix ne tremble pas quand tu t'adresses à lui.

- M-Merci. Ça fait vraiment du bien… Ch… t'es tellement… important… T'es comme… juste trop toi… je pourrais pas te faire du mal, ch'peux même pas le considérer.

L'alcool rend ta voix pâteuse, merci le ciel. Ça te libère du poids d'un possible questionnement. Puis c'est le nez chatouilleux par la morve lacrymale que éternue sans aucune classe. C'est l'excuse parfaite pour te moucher de manière bien sonore et essuyer ton visage mouillé de larmes maintenant. Tu te dis que tu vas rentrer et pleurer toute les larmes de ton corps une fois seul dans ton petit appartement. Ça va faire du bien, peut-être que ça te permettra de passer à autre chose, de voir autre chose que lui dans le fond de ton bol de céréales le matin.

Tu dois le protéger, même si c'est de tes sentiments que tu dois le faire.

- Mais, sérieusement, me file plus la trouille comme ça, ok ? Pendant un moment, j’ai cru que tu avais drogué ma bière ou je sais pas quoi.  

Son rire cristallin fait déborder ton coeur. Merde! T'as juste envie de l'aimer et de la vénérer.

-Come on! Droguer mon roi? Mais tu me prends pour qui? C'est plus simple de te saouler.

Que tu réussi à dire moqueusement avant d'éclater de rire à ta connerie.

Tu l'as senti implicitement se détendre, tu ne peux pas empêcher ta main de venir tasser une des mèches blondes qui lui barre le visage, un geste que tu regrettes presque aussitôt, pourtant ça ne t'empêche pas de la tasser derrière son oreille.

- Faudrait qu’on se fasse plus de trucs ensembles à l’occasion. Dans un contexte moins… stressant.

Moins stressant... Pour lui clairement.

-J'approuve complètement! Je suis pas très confortable de te voir dans ce genre de réunion, je voulais t'en sortir le plus tôt possible, pas question qu'il t'arrive quoi que ce soit.

Tu titubes malgré toi en avançant, laissant ton esprit suivre ton regard errant sur la pelouse. Tu n'as plus envie de le regarder, t'as envie de rentrer pour préserver un peu ton cœur brisé. Tu rends presque les armes, tu veux tout lâcher en y repassant, faire des conneries, baiser à tout va, juste t'oublier dans un cycle autodestructeur, juste un temps égoïste où tu te sentiras aimé, peu importe la manière. Tes doigts touchent les briques du mur auquel tu t'accroches. La ville se penche sur vous sous le clair de lune auquel tu fais dos, protégeant l'anonymat de ta douleur.

-Mais t'as mon numéro, tu me contactes quand tu veux. T'es mon roi, normal qu'on finisse par être proches à un moment… Mais je te reprends à une de ces rencontres… Et tu vas regretter de m'y avoir croisé, que tu ajoutes en rigolant. Tu vas avoir honte de ton Lancelot, j'te jure!

Une révérence maladroite plus tard et tu te forces à rire.

-Allez, j't'escorte, mon roi. Ou tu m'escortes… j'ai trop bu.

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